Marquage / Étiquetage

Le marquage/l’étiquetage constitue le second pilier de l’ « identité » d’un objet, le premier pilier étant l'inscription à l’inventaire/l’identification de l’objet.

 

Utilité et importance

Le marquage est une trace ou inscription visible. Il peut être spécifique à un objet, afin de faciliter son identification, ou appliqué de façon plus générale à toute une série d'objets (par exemple, un logo sur des vases réalisés par un même fabricant). En général, les marquages sont des symboles, des noms ou d’autres identifiants. La notion de marquage peut aussi faire référence à l'inscription d'un numéro d'inventaire sur les objets lors de leur enregistrement.

Assigner un numéro d'identification à un bien culturel permet de faire le lien entre l'objet et la documentation afférente, de manière à pouvoir classer les informations. Le marquage des biens culturels doit faire l'objet d'une attention toute particulière, afin de permettre l'identification de l'objet et la gestion de la collection, tout en préservant leur état de conservation et en assurant le suivi de leur documentation. À cet égard, le marquage doit être régi par un système conforme au système d'inventaire de la collection ou aux normes nationales. En l'absence d'un système de ce type, il est conseillé de se conformer aux normes internationales.

Tout objet doit porter en permanence son numéro d'identification. Ce dernier permet de relier directement l'objet à la documentation afférente détenue par le musée. La perte du numéro d'identification d'un objet peut non seulement entraîner des problèmes d'inventaire, mais également avoir de graves conséquences lorsqu’un objet a été volé et que le musée doit prouver qu’il en est le propriétaire pour le récupérer. En effet, les marquages représentent de précieuses ressources lors des enquêtes et recherches. La méthode d'étiquetage la plus sûre consiste donc à inscrire un numéro directement sur l'objet.

Les systèmes de marquage des biens culturels peuvent être divisés en trois catégories :

  • Le marquage d'identification : il s’agit du marquage traditionnel des numéros d'inventaire (à l'encre, au marqueur indélébile ou à la peinture, etc.),
  • Le marquage de gestion, qui fait appel aux nouvelles technologies et utilise des outils d’identification automatique (code-barres, etc.),
  • Le marquage de sécurité, qui permet d’identifier les œuvres et de prévenir les vols (techniques d’imagerie scientifique, encres de sécurité à base de pigments, etc.).

Les produits de marquage doivent être faciles à appliquer, lisibles à l'œil nu, stables, de façon à ne pas détériorer le matériau de l'objet, et durables, pour résister à l'effacement. Il existe diverses méthodes pour apposer une marque sur un bien culturel. En général, il est quasi impossible de trouver un produit de marquage qui n'altère en aucune façon l'objet. Il convient donc de faire des compromis, en fonction des besoins de l'objet.

 

Marquage ou étiquetage

Dans ses fiches d'information, Spectrum Advice indique que « le marquage et/ou l'étiquetage d'un objet doit être réalisé uniquement dans le cadre du processus d'inscription à l’inventaire ou du processus de transfert d'un objet vers vos collections éducatives. C'est pourquoi les objets prêtés ou non encore ajoutés à une collection ne doivent pas être marqués. Les objets qui n'appartiennent pas au musée, tels que les prêts ou les donations potentielles, doivent de préférence être étiquetés plutôt que marqués. »

On privilégiera toujours le marquage, même s'il est généralement accepté qu'il n'est pas possible d'y avoir recours pour certains objets. Il est important de prendre en compte plusieurs facteurs si l'on veut faire le choix approprié :

  • La sécurité : la probabilité que le marquage soit accidentellement effacé doit être extrêmement faible.
  • La réversibilité : l'étiquette ou la marque doit pouvoir être retirée intentionnellement par le musée.
  • La sécurité de l'objet : ni le produit ni la méthode ne doivent risquer d’occasionner de dégâts conséquents.
  • La discrétion tout en restant visible : la méthode ne doit pas affecter l'apparence de l'objet, ni en dissimuler aucun détail important. Dans le même temps, le numéro d’identification doit rester suffisamment visible pour qu'il ne soit pas nécessaire de manipuler excessivement l'objet pour le voir.
  • La commodité d'utilisation et la sécurité pour le personnel : les produits doivent être facilement accessibles par le personnel et sans danger pour lui.

 

Règles générales

Dans l'ensemble des cas, des règles générales s'appliquent :

  • Les numéros constituent le lien entre les objets et les documents qui les concernent. Ils doivent par conséquent être fixés à l’objet, ou inscrits directement dessus.
  • L’étiquetage ou le marquage de l’objet doit être effectué selon une méthode sûre.
  • Pour associer un numéro temporaire à l’objet, il est possible d’utiliser une étiquette amovible.
  • L’étiquetage et le marquage des objets doivent être effectués par un personnel formé à ces tâches. Il convient de toujours réserver un laps de temps suffisant pour apposer correctement le numéro. En cas d’incertitude, il est conseillé de consulter un restaurateur.
  • Le marquage doit être solidement fixé, même s'il doit pouvoir être retiré en cas de besoin. Le numéro doit pouvoir être localisé sans manipulations inutiles et sans abîmer l'objet.
  • Il est recommandé de limiter autant que possible le nombre de méthodes et de matériaux utilisés.
  • Lorsqu’un objet est composé de plusieurs matériaux, on choisira l’endroit le plus adapté à la technique de marquage utilisée.
  • Si un objet est composé de plusieurs pièces ou parties pouvant être démontées ou séparées, chacune des pièces ou parties sera numérotée. Ceci s’applique également aux fragments d’un objet cassé.
  • Pour les musées, les règles relatives au marquage et à l’étiquetage des objets doivent être répertoriées dans un document qui sera mis à la disposition du personnel concerné.
  • Les anciens numéros d'inventaire ne doivent pas être effacés, car ils peuvent fournir des renseignements sur l’histoire de l’objet. De plus, ils doivent être notés dans la documentation.

En ce qui concerne le choix de l'emplacement du marquage ou de l'étiquette :

  • Dans la mesure du possible, sur chaque objet du même type, les numéros doivent toujours figurer au même endroit.
  • La marque doit pouvoir être facilement localisable.
  • Le marquage ou l'étiquette doivent être placés de telle façon que les objets lourds ou fragiles n'ont pas besoin d’être manipulés pour accéder au numéro d’identification.
  • Il peut être nécessaire de numéroter les grands objets à plusieurs endroits, ou d’y fixer des étiquettes en carton supplémentaires lorsqu’ils ne sont pas exposés.
  • Si un objet est emballé ou conservé dans une boîte, le numéro doit également être inscrit sur l’emballage ou la boîte.
  • Le numéro doit être placé à un endroit où il ne nuit pas à l’aspect extérieur de l’objet.
  • Sur les petits objets, il est possible de n’inscrire qu’une partie du numéro, ou de l'apposer sur l’emballage ou la boîte dans laquelle l’objet est conservé.
  • Afin d’éviter que le numéro ne soit effacé accidentellement, il faut éviter de l’apposer sur des surfaces instables.

En ce qui concerne les méthodes :

  • Les méthodes et matériaux utilisés pour marquer ou étiqueter les objets ne doivent pas risquer d'endommager ceux-ci de façon permanente.
  • L'emplacement choisi doit être tel que le numéro soit peu ou pas visible lorsque l'objet est exposé, mais facilement accessible lorsqu'il est en réserve.
  • Le numéro doit être facilement lisible. On utilise généralement des caractères noirs sur un fond clair, ou blancs sur un fond sombre. Il est également possible d'utiliser des caractères rouges.
  • Si l'objet comporte plusieurs marques, celles-ci doivent être apposées à des emplacements différents.
  • Il est recommandé de faire figurer le numéro sur certaines photographies de l’objet.
  • Les techniques à utiliser varient selon les caractéristiques physiques de l’objet.
  • Sur les objets composites, le marquage doit être réalisé à l'endroit où la méthode la plus sûre peut être utilisée.
  • Les surfaces délicates doivent être manipulées avec de grandes précautions.
  • Il est conseillé de toujours consulter un restaurateur avant d'utiliser des produits chimiques.
  • Il est recommandé d'éviter de pyrograver ou de graver le marquage sur du bois ou du métal, de visser une plaque en métal sur du bois, d'utiliser des tampons ou de l’encre sur du papier, d'utiliser de l’encre ou de la peinture sur des textiles, de coller des étiquettes adhésives sans couche protectrice et d'utiliser des étiquettes à bords métalliques, ou du fil métallique, qui peuvent finir par rouiller.
  • Les surfaces instables doivent être évitées, tout comme l'étiquetage ou le marquage sur un endroit fragile ou une fêlure.
  • Les zones décorées ou peintes/vernies/pigmentées/cirées doivent être évitées.

 

Techniques de base pour le marquage ou l'étiquetage

Certaines institutions utilisent toujours des systèmes traditionnels. Ces pratiques ont généralement pour inconvénient d'être irréversibles. L’utilisation de crayons à papier est le meilleur exemple de ces techniques traditionnelles encore en usage.

Des méthodes plus complexes peuvent être utilisées pour les objets les plus fragiles, tels que les artefacts archéologiques, ou pour les objets de très petite taille.

L'évolution des pratiques artistiques oblige également à adapter les systèmes de marquage. En effet, le marquage des installations peut parfois représenter un réel problème, car il est impossible de procéder de la même façon qu'avec une peinture.

Désormais, il existe toute une série de nouvelles techniques de marquage. Par exemple, les systèmes d’identification par radiofréquences permettent de stocker des données grâce à une antenne combinée à une puce électronique qui peut être collée ou incorporée aux œuvres d'art. Il est aussi recommandé d'avoir recours à la radiographie ou aux lumières fluorescentes.

Ci-dessous figure une liste des techniques les plus utilisées par les professionnels de l'art et du patrimoine :

  • Inscription sur l'objet avec un matériau traditionnel ou avec un marqueur de sécurité à UV
  • Collage d'une étiquette sur l'objet
  • Étiquette cousue
  • Étiquette submersible (pour les spécimens conservés dans du liquide)
  • Étiquette résistante à l'eau (pour les objets conservés dans l'eau)
  • Étiquette fixée par une épingle (pour les spécimens biologiques épinglés)
  • Étiquette volante (pour les petits objets comme les pièces)
  • Étiquette attachée par un fil
  • Double marquage au crayon
  • Numéro appliqué à la peinture
  • Marquage sur la boîte ou l'emballage
  • Mélange de vernis

 

Kits d'étiquetage et de marquage

Dans l'idéal, il est utile de disposer à tout moment d'un kit de marquage et d'étiquetage des collections prêt à l’utilisation. On peut ainsi se procurer les matériaux appropriés très rapidement et dès que nécessaire, tout en ayant la garantie qu'ils sont les plus sûrs pour les objets concernés.

Ci-dessous figure une liste d'éléments utiles dans la plupart des situations. Il est possible que d'autres éléments soient nécessaires, selon les spécificités de la collection. De même, certaines suggestions peuvent ne pas s'appliquer à l'ensemble des cas. Ainsi, il faut adapter le kit aux objets de chaque collection.

Attention : les produits chimiques et solvants doivent toujours être stockés en position debout, dans des conteneurs étanches et étiquetés. La boîte devra quant à elle comporter une indication de son contenu, et être stockée dans une zone sécurisée, fraîche et bien ventilée.

Équipement

  • Un exemplaire des lignes directrices nationales relatives à l'étiquetage et au marquage, un exemplaire des procédures standardisées de l'institution en matière d'étiquetage et des informations sur les produits chimiques inclus dans le kit
  • Un récipient gradué/verre doseur, un bâtonnet mélangeur, des pipettes en verre
  • Des lunettes de protection
  • Des gants en vinyle ou en coton pour manipuler les objets
  • Des marqueurs, feutres, crayons, taille-crayons, gommes, de l'encre noire et blanche, des stylos-feutres
  • Des bâtonnets ouatés
  • Des étiquettes diverses, y compris de type Aquascribe (résistantes à l'eau), du papier sans acide
  • Des étiquettes volantes (comme celles proposées par Tyvek), des bandes de coton non blanchi, des aiguilles à coudre, du fil de coton ou de polyester, des épingles de couture en acier inoxydable, des ciseaux
  • De la peinture et des pinceaux
  • De la colle d'amidon
  • Des sacs en polyéthylène et en mousseline de différentes tailles
  • Un agitateur chauffant (si nécessaire, ce qui dépend essentiellement des adhésifs choisis)

Produits chimiques

  • De l'acétone ou du white spirit, de l'eau distillée ou déminéralisée dans des conteneurs fermés et étiquetés
  • Un mélange tout prêt, composé de 20 % de vernis acrylique Paraloid B72 dans de l'acétone, dans un conteneur fermé et étiqueté, et des granulés de Paraloid B72
  • Un mélange tout prêt, composé de 20 % de vernis acrylique Paraloid B67 dans du white spirit, dans un conteneur fermé et étiqueté